2 visualisations graphiques d’oeuvres de Beethoven

Imaginez que, lors d’une composition pour orchestre, vous soyez entrain d’écrire un passage avec des cordes. L’ensemble des cordes est composé de 5 instruments (violons 1, violons 2, Altos, violoncelles et contrebasses). Je me souviens m’être posé quelques questions à ce propos :

  • Dois-je obligatoirement entendre 5 notes différentes tout le temps ? (ou 4 si les contrebasses se contentent de doubler les violoncelles)
  • Puis-je faire jouer ponctuellement la même note par 2 instruments différents ? (doublon)
  • Est-il possible de croiser des parties, par ex : faire jouer des notes hautes par les violoncelles et des notes basses par les violons ? (si cela est possible techniquement).

Il suffit de regarder attentivement les partitions (conducteurs) de symphonies ou de musique de chambre pour trouver les réponses. Néanmoins, ce n’est pas toujours évident pour ceux qui ne maîtrisent pas la lecture à vue, d’autant plus qu’à chaque instant il faut être capable de comparer chaque portée tout en tenant compte des différentes clés.

Le film ci-dessous, qui fait penser à une séquence MIDI, représente un quatuor écrit par Beethoven (Opus 133). Les notes de chaque instrument y sont représentées en temps réel (synchronisées à la bande son, jouée par de vrais instruments) :

  • Rouge : Violon 1
  • Orange : Violon 2
  • Vert : Alto
  • Bleu : Violoncelle

Cette vidéo me paraît intéressante, car elle nous permet d’avoir une vision globale du morceau (les intervalles entre les instruments, les parties croisées, les parties muettes, les doublons par contre sont difficilement observables). A tout moment, il est possible d’appuyer sur le bouton pause et d’analyser la juxtaposition des notes. Pour autant, cela ne remplace pas les cours d’harmonie, on est bien d’accord 😉

https://youtube.com/watch?v=6s0Mp7LFI-k%26hl%3Dfr_FR%26fs%3D1%26

Pour une vision encore plus générale d’un morceau, voici le premier mouvement de la 5ème symphonie de Beethoven. Avec autant de parties instrumentales, cela devient confus par moments, mais c’est tout de même intéressant à voir :

https://youtube.com/watch?v=rRgXUFnfKIY%26hl%3Dfr_FR%26fs%3D1%26

Beethoven visualisation graphique

On peut se poser la question de savoir si les notes affichées sont rigoureusement les notes que l’on entend. Ce que l’on trouve sur Internet n’étant pas toujours fiable…
A priori, ces vidéos me semblent sérieuses. L’auteur du montage (Stephen Malinowski) a utilisé (créé ?) un logiciel qui transcrit un fichier MIDI en une représentation graphique telle qu’on la voit ci-dessus. Le fichier MIDI ayant lui même été créé soigneusement note par note à partir d’une partition papier, le résultat devrait être conforme à l’oeuvre originale, normalement…

Le logiciel qui fabrique ces séquences s’appelle : MUSANIM (Music Animation Machine MIDI Player) et est un freeware.
Aller sur le site de musanim

7 réflexions sur “2 visualisations graphiques d’oeuvres de Beethoven”

  1. Salut Tanguy,

    J’ai visionné les deux vidéos. Je trouve la seconde parfois bien difficile à lire quand il y a beaucoup de musiciens qui jouent en même temps. Par contre, elle permet de bien se rendre contre des crescendos par rajout progressif d’instruments(et inversement). Cela étant, cet outil pourrait peut-être s’avérer utile pour étudier les différentes catégories d’instruments indépendamment les unes des autres (par exemple pour étudier les bois, puis un peu plus tard les cuivres, etc…). Je lis très régulièrement des partitions d’orchestre et je me rend compte, grâce à ces deux extraits, de l’importance des lignes de la portée pour évaluer les intervalles entre les différentes notes. Etant habitué à ces lignes, je me vois ici quelque peu perdu. Mais bon, cette notation pourrait s’avérer, pourquoi pas, être une manière de dégrossir le plan de construction de structures orchestrales. Je l’imagine quand même plus adaptée pour des personnes qui ne savent pas encore lire avec assez d’aisance les conducteurs d’orchestre conventionnels. Il s’agit d’une innovation technique a mon sens très étonnante, très originale, mais qui, personnellement, à priori, ne me séduit pas plus que ça. Mais comme les gens sont tous différents entre eux, peut-être que des individus trouveront leur bonheur dans ce logiciel?

    A bientôt!

  2. Je vais mettre un gros pavé dans la mare. Mais je pense que cette notation est un gadget qui ne répondra PAS DU TOUT correctement aux questions essentielles qu’un compositeur ne sachant pas lire se pose. Et par là même ce ne sont pas ces vidéos qui répondront à tes propres questions, Tanguy. Plus exactement, elles donnent l’impression de te donner des réponses, mais ces réponses seront nécessairement fausses.

    Quelques mois de cours d’harmonie classique suffisent à comprendre pourquoi.

    Chez Beethoven, les rapports entre les instruments dépendent de la fonction et de la nature de l’accord ainsi que de sa place dans la structure car son écriture est relativement respectueuse des règles de l’harmonie classique. Sans avoir connaissance de la tonalité et des notes, on ne peut absolument pas "analyser" correctement ce genre d’oeuvre.

    Exemple: Si j’ai une suite II6 V5 I5 (accord de sixte sur 2e degré, accord de quinte sur 5e et 1er degré) et une suite II6 IV5 V5 I5, la façon dont tu vas positionner ton accord sur l’accord II va changer. Dans le premier cas, ta basse sera doublée, dans le second, elle ne le sera pas, et ceci pour éviter la dureté des parallélismes. La visualisation par piano roll, sans repère de notes, ne te permet pas d’analyser les degrés, d’analyser les intervalles et donc d’analyser le processus mental qui a permis à Beethoven de décider d’écrire telle ou telle note. De même, tu ne peux pas savoir exactement sur cette vidéo si une doublure est à l’octave, à la quinte, à la tierce ou à la sixte. Or si ponctuellement tu as deux octaves ou deux quintes parallèles, c’est prohibé, ce qui ne sera pas le cas de la tierce ou de la sixte.

    Ces vidéos sont donc intéressantes pour la visualisation des lignes, mais risquent d’apporter beaucoup de confusion dans l’esprit du débutant alors que quelques cours d’écritures suffiraient à répondre aux questions posées. Il faudrait pour cela une partition ou à la limite un piano roll comme celui de Cubase… Dans les deux cas, sans solfège, c’est peine perdue à moins d’avoir une oreille extrêmement bien développée.

  3. C’est un outil de visualisation qui permet d’avoir un rapide aperçu sur l’espace utilisé par chaque instrument, en terme de fréquence d’utilisation et d’étendue.

    C’est vrai que cela ne remplace pas une analyse harmonique. Du coup je me demande si il existe un outil midi qui pourrait donner des statistiques sur un fichier midi (ex : la fréquence d’apparition des degrés par tonalité, les progressions utilisées, les intervalles, les modes joués, etc..) Cela pourrait nous donner, sur l’ensemble des partitions que l’on écrit, un bon aperçu de nos petites habitudes.

  4. Marrant cet espèce de karaoké pour orchestre symphonique! ^^ (ou cette version "Fantasia du pauvre", comme tu préfères!)

    Mais je dois avouer qu’il est vraiment instructif de mettre son nez dans la partition conducteur, parfois… c’est carrément écoeurant de logique, de simplicité et de beauté. La dernière fois, c’était avec le "Requiem" de Mozart: magique!

  5. Oui, j’espère que cet article ne laisse pas entendre que l’on peut apprendre l’harmonie juste en regardant des rectangles et des carrés. Point question ici de reconnaitre et d’étudier les intervalles de quintes et de sixte. Je n’aurai peut-être pas dû utiliser le terme intervalle dans mon billet, mais plutôt les écarts, dans leurs formes générales. L’on visualise tout de même de manière globale et rapide, que les parties instrumentales se croisent parfois, et, sérieux, lorsque j’étais jeune et large d’épaules, je croyais que cela était interdit. Or, je n’avais à l’époque pas de partitions sous le coude pour aller vérifier, perdu dans ma campagne profonde (à Plerguer dans le 35)… Si Internet avait existé à cette époque, je pense que cette vidéo m’aurait rapidement éclairci sur la question (les parties croisées).

  6. Moi je trouve ça amusant et intéressant… Bien qu’assez limité effectivement.
    Mais je vois encore des gens qui expliquent que tel croisement ou doublon est prohibé… Rien n’est prohibé… C’est grâce à cela que la musique a pu évoluer… Et c’est aussi dans la crainte de la "prohibition" que la plupart des compositeurs très pointus en termes d’harmonies et d’orchestration pondent toujours les mêmes plagiats médiocres d’oeuvres qui tenaient comptes de l’était de la musique à une époque ancienne. Et en ces temps là aussi, heureusement que Bach a utilisé tant de recettes qui étaient prohibées à son époque (-;

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