Drôle d’impression… pas toujours facile de créer "à la demande" une oeuvre musicale.

Pas trop la pêche en ce moment…

Depuis quelques temps, je découvre les joies du casting de compositeurs. Un casting de compositeurs, c’est tout simplement une sélection, par une boite de production, de quelques jeunes artistes qui devront chacun de leur côté proposer une maquette pour accéder au poste de compositeur du film. Celui qui réussit la maquette la plus adaptée au film se voit confier la composition de la bande originale du long métrage. Les autres sont gentiment remerciés. C’est une chance d’être pressenti pour un long métrage, j’en suis conscient.

Tout comme les entretiens d’embauche, c’est une étape décisive pour le candidat. Il est important de cerner dès le départ les attentes du réalisateur de manière à ne pas composer dans une mauvaise direction. La maquette doit être peaufinée au mieux pour mettre toutes ses chances de son côté. Mais c’est une pression supplémentaire du fait qu’une maquette bien travaillée (sur le plan du réalisme) implique d’y passer beaucoup de temps ce qui empiète sur le timing consacré à la composition elle même. A ce stade du casting, on ne peut pas se permettre de dire à un réalisateur qu’on ne connait pas : « le son est pourri mais voyez comme l’écriture est belle, ça rendra comme ça ou comme ci avec un orchestre ». Bref, la pression de la commande, le syndrome de la feuille blanche, le manque de sommeil, les délais, la compétition… tous ces facteurs peuvent engendrer une forme de stress.

Stress et anxiété

Personnellement, tant que je reste dans le domaine du court métrage ou du film documentaire TV, je ne rencontre pas de problèmes particuliers. Par contre, dans le cas d’un casting pour un long métrage (en prévision d’une sortie nationale et d’une BO enregistrée par un orchestre symphonique), les choses se compliquent un peu. Devant le piano ou le séquenceur, l’euphorie d’avoir été pré-sélectionné laisse subitement la place à une forme de trac qui se caractérise physiquement par une boule dans le ventre et une respiration coupée, suivi d’un manque de confiance et d’une concentration affaiblie. C’est un phénomène d’anxiété, bien connu par tous ceux qui ont passé des examens, que l’on peut atténuer rapidement par des techniques de relaxation.

Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas d’un événement ponctuel et relativement court, comme les 10 mn qui précèdent un oral de maths ou un rendez-vous galant. Dans le cas d’une composition d’une œuvre musicale, il m’arrive de devoir supporter ces symptômes quelques jours voir même quelques semaines (ça a été le cas pour moi, dernièrement) et ça devient vite handicapant. Si par chance, le réalisateur apprécie la maquette, alors les symptômes disparaissent comme par enchantement et laissent la place à une motivation et une détermination incroyable.

Mais dans le cas contraire, une période de courte déprime et d’irritabilité viennent s’ajouter, risquant d’altérer les relations avec mon entourage proche. Ensuite, le moral remonte et je suis à nouveau prêt à combattre pour un prochain casting…

Tout ça pour dire que les déceptions font partie du métier. C’est important d’en parler car beaucoup de jeunes compositeurs baissent les bras après quelques échecs. Je pense souvent à Bruno Coulais dont la notoriété s’est vraiment confirmée à l’âge de 42 ans (avec Microcosmos). Je serais curieux de savoir si avant ça, il n’a pas eu un jour l’envie de renoncer.

16 réflexions sur “Drôle d’impression… pas toujours facile de créer "à la demande" une oeuvre musicale.”

  1. Tout à fait d’accord avec toi. Je ne peux malheureusement pas te donner conseil mais je pense qu’il faut être soi même et "naturel" (qui ne veut pas dire dénué d’émotion), car les sentiments et le caractère du compositeur ressortent dans ses oeuvres.
    Te connaissant un peu en ayant lu tes articles, en ayant un peu discuté et ayant beaucoup écouté tes compositions, tu as toutes tes chances! 😉
    je ne te dis pas bonne chance puisque ça porte malheur mais "MERDE!"
    Bon courage!

    PS: je suis un peu dans le même cas que toi en ce moment car je suis en train de passer mon DE au CEFEDEM…

  2. Mais tu es trop doué mon Tanguy !!!! Et surtout, tu es à deux doigts d’arriver là où tu veux aller !!! Comme Damien, je crois que tu as toutes tes chances et la plus grosse pression, c’est toi qui te la mets… "Il faut être doux avec toi-même"
    —–> va faire du yoga :0)
    Gros bisous mon frère !
    Rozenn

  3. Mais que lis-je ? Mon Tanguy préféré doute de lui !

    C’est vrai qu’à vouloir donner le meilleur de soi on sur-estime ce que les autres vont donner… Alors, simplement je te dis qu’il faut donner envie d’avoir envie… Comme dans beaucoup de sélections.

  4. Alors si ça peut te rassurer j’éprouve l’envie d’arrêter chaque jour… Et pourtant je n’arrive toujours pas à en vivre… Et pas seulement à cause de toute cela. Mais parce que la concurrence est rude, le niveau général des compositeurs de plus en plus haut, la rémunération des compositeurs de plus en plus fragile, etc… sont des éléments qui rendent de plus en plus incertaine la réussite professionnelle d’un compositeur.

    Quant aux casting… J’ai toujours trouvé cela une aberration. Une relation artistique sur construit sur le dialogue réa/compo, pas sur une maquette souvent fonctionnelle, faite sans réflexion et sans recul… Aucune grande collaboration n’est née sur des maquettes mais sur une confiance mutuelle.

    Aujourd’hui les casting existent même sur les films amateurs non autoproduits. Et tu te retrouves en concurrence avec beaucoup de compositeurs!!!

    On est mal barrés.

    Mais rassure-toi, Tanguy, tu es mieux armé que moi. Api Corp te fait confiance (moi pas eu de réponse), tu as une grande aisance musicale (cela sert d’avoir baigné dans uen famille musicale). Je ne vois pas pourquoi ta persévérance ne paiera pas.

  5. Merci les zamis ! je ne voulais pas vous alarmer, je ne suis pas au top de ma forme, c’est vrai, mais ça va bien quand même 😉 D’ailleurs, j’ai des nouveaux thèmes musicaux qui me trottent dans la tête, c’est plutôt bon signe !
    Le yoga ? bof bof… je préfère encore faire du step pour évacuer le stress (j’en connais qui font bien de la salsa).

    En tous cas, merci pour vos encouragements 🙂
    Bonne chance pour ton diplôme Damien.

  6. Je suis tout à fait d’accord avec toi DD, quand tu parles du dialogue compositeur/réalisateur.
    En fait, je pense que le casting est avant tout une manière de faire du ménage dans les choix initiaux.

    Le producteur et le réalisateur écoutent plusieurs démos et retiennent certains morceaux dont le style pourrait correspondre à la musique qu’ils souhaitent pour leur film.

    Mais comme à ce stade il est encore risqué pour eux d’arrêter leur choix sur un compositeur (non connu), le casting intervient: "que proposeriez vous comme musique pour mes images ?". Lorsqu’il reste un ou 2 compositeurs en piste, le vrai partenariat peut commencer(rencontres physiques plus nombreuses, discussions profondes sur la conception de la musique etc.)

  7. Merci Tanguy! 😉 Je ne sais pas personnellement comment ça se passe entre compositeur et réalisateur mais ça ne métonne pas. Je vois, par exemple, pour une place de prof même s’il y a des entretiens avec le directeur/les élus, on regarde surtout si tu as le diplome et je trouve ça franchement dommage. Il y a beaucoup de "vieux" qui ont de l’expérience et beaucoup de bon sens mais qui n’ont pas le D.E. On préfère prendre le petit jeune qui n’a aucune expèrience mais qui a le bout de papier magique…
    Je n’ai rien contre les jeunes bien sûr et c’est très caricatural, mais c’est un coup de gueule. Le système me gonfle et ça m’énerve de voir qu’il faut être malheureusement hypocrite pour réussir. On juge les gens sur leur esthétique (beau cul – pour les nanas – belle gueule)et sur les diplômes/CV, et pas sur ce que l’on vaut réellement… c’est bien triste et très dommage…
    Bon, je vais arrêter là sinon je vais déprimer et pourrir l’ambience! 🙂 Désolé, mais il fallait que ça sorte!

  8. Bon ! Je vais rien ajouter de nouveau, mais quand même… je crois que tu aurais raison de persévérer dans la Zic de film. L’avis de ta famille n’est sans doute pas le + objectif (quoiqu’on commence à s’y connaitre un peu : j’arrive presqu’à orthographier "çilvaistry"…)mais tu peux peut-être te fier davantage à celui de tes confrères qui semble pour le moins encourageant la plupart du temps, non ?
    Bon. je t’embrasse, grand frère.

  9. J’ai oublié de dire une chose aussi qui me parait importante mais que tu dois déjà savoir bien évidemment Tanguy, du fait d’une plus grande expérience de la musique et de la vie en général par rapport à la mienne (t’es pas encore un papy mais t’es plus vieux que moi! ;-)Que veux tu que j’y fasse?!? ), mais qu’il est bon parfois de rappeler: c’est en ayant des doutes que l’on avance… :)Celui qui ne doute pas ne progresse pas.

  10. Juste pour préciser. Je ne crois pas qu’on puisse comparer une embauche classique à une embauche de compositeurs.

    Dans une embauche classique on te juge sur des compétences objectives.

    Dans une embauche de compositeur, on te juge sur des compétences objectives (le minimum) mais aussi subjectives. Et malheureusement une maquette ne présagera jamais de la réussite d’une collaboration. C’est pour cette raison que beaucoup de collaborations "connues" dans le milieu sont en fait nées de vrais rapports d’amitié. Il y a vision artistique commune et une connaissance mutuelle qui permet de faciliter le dialogue.

    Baser une future collaboration sur un petit bout d’essai, c’est oublier le principal: le compositeur doit épouser globalement la vision artistique du réa. Et pour cela il faut avoir un dialogue. Un bon compositeur de films n’est pas un bon technicien, c’est quelqu’un qui arrive à interroger le film, à proposer aux réas, à chercher de nouveaux moyens… C’est aussi celui qui propose des alternatives.

    Je ne sais pas comment m’expliquer.

  11. On se calme Tanguy! Moi je dis c’est une belle promotion que d’être selectionné pour un film prestigieux, quelque soit le résultat. Alors c’est vrai que c’est relou pour les compositeurs, mais libre à nous d’accepter ou pas ces conditions. En tout cas, ça ne m’étonne pas que tu aies été pressentie. Et ne t’inquiète pas, vu ton talent, tu seras choisi bien assez tôt!!!!! Allez! Keep the POWER!!!!!!
    ps: et tampis pout eux!!!

  12. Tiens, un Tanguy qui doute ? Je suis d’accord avec ce que les autres ont dit, c’est déjà très bien d’avoir été sélectionné.

    Tu te rappelles d’une scène dans mon salon, en 2002, la deuxième fois qu’on s’est rencontré ? Je disais à ta chère Mélanie qu’il fallait simplement attendre, dans trois ou quatre ans le grand talent de son cher Tanguy sera découvert et il aura un énorme succès. Finalement, c’était faux, pas en ce qui concerne ton talent, mais le temps. Attends encore un peu, ça viendra, sûr, sûr, sûr !

    > Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas d’un événement ponctuel et
    > relativement court, comme les 10 mn qui précèdent un oral de maths ou un rendez-vous galant.

    Quel exemple ! Je ne comprends pas 😉

  13. frisson reynald .( le plus grand des compositeurs mancho )

    Tien un Tanguy en plein syndrome de Frisson reynald !! Tanguy , tu n’as pas a te justifie a toi même ! C’est un peu comme le choix d"un parfum de glace ! Souvent quand on hésite, on prend le mauvais . Bon je dis que si tu es choisi tu es le mauvais loin de la et tu sais ce que je pense de ton travail.. mais Reste concentré sur le fait que l’on ne l’a demandé rien qu’a toi ! Et les autres sont des lozers !!

  14. je trouve çà dans un sens courageux de ta part de confier ce stress mais crois moi dans tous métiers notamment dans le freelance c’est je pense quelquechose d’assez fréquent
    créer c’est se mettre en danger
    ce stress est proportionnel à l’honnêteté de ton travail, de proposer qqchose qui sorte de tes tripes et non pas une musique prémachée
    tu ne pourras pas le supprimer de sitôt mais en attendant tu peux apprendre à mieux le gérer

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