Fréquences des instruments. Vers une meilleure égalisation pour un mix symphonique…

Il y a 3 ans, je posais la question par mail à plusieurs ingénieurs du son, pour savoir s’il existait une procédure spécifique dans l’égalisation les instruments de l’orchestre symphonique (des fréquences à éviter, d’autres à renforcer). Car il est vrai que le web offre des réponses essentiellement axées sur le mix de formations pop-rock, mais pas beaucoup d’infos sur le mixage d’instruments classiques.

Parmi les quelques réponses, pour la plupart évasives, il y en eut une particulièrement claire : « jamais d’égalisation sur les instruments de l’orchestre symphonique ». Peut-être que l’ingénieur du son avait travaillé essentiellement sur l’enregistrement live de musique classique. Mais en session de musique de film, je ne sais pas ce qu’il en est (n’ayant pas encore eu la joie de faire enregistrer mes musiques par un vrai orchestre, je ne préfère pas m’avancer).

Malgré tout, pour ceux qui utilisent les samples, je pense qu’il est intéressant d’égaliser correctement certains instruments pour éclaircir ou alléger le mix.
Ci-dessous : un lien, conseillé par Alex, qui pointe vers un tableau récapitulatif des « fréquences fondamentales » et des « fréquences harmoniques » pour chaque instrument de l’orchestre symphonique. Classement par famille d’instruments (bois, cordes, cuivres, percussion) + voix humaines.

Pour paraphraser le mémo intéressant écrit par Ziggy’s sonorisation (ici) :

  • Les fréquences fondamentales d’un instrument peuvent être accentuées pour lui donner de la profondeur et de la chaleur. A l’inverse, en diminuant ces fréquences, l’instrument aura un son plus fin.
  • Les fréquences harmoniques confèrent une certaine couleur à l’instrument, et donc une certaine présence dans le mix. On doit normalement faire ressortir la couleur ou la clarté d’un instrument dans le mixage en accentuant ses fréquence harmoniques.
  • Pour chaque instrument, on peut atténuer (voir supprimer) les fréquences graves inutiles, c.a.d celles qui sont situées sous les fréquences fondamentales : de cette manière, on libère des fréquences du spectre sonore, laissant de la place aux instruments les plus graves comme la contrebasse ou la grosse caisse, ou les timbales… ou la voix de ma femme au réveil (ho ho ho).

Un equalizer (avec courbe) comme celui qui est intégré dans Cubase me permet de travailler rapidement. Il existe aussi des égaliseurs sous forme de plug-ins.

Egaliseur Cubase

Egalisation dans Cubase 5 :

Je sélectionne une fréquence, puis je l’accentue ou je l’atténue.

9 réflexions sur “Fréquences des instruments. Vers une meilleure égalisation pour un mix symphonique…”

  1. Cool merci pour le tableau !!

    C’est vrai que pour les compositeurs actuels, il faut tout faire soi-même jusqu’au mixage voire mastering !! Et j’avoue que je faisais toujours ça un peu au pif (ou plutôt à l’oreille) mais avec ce tableau c’est quand même plus précis ! Je vais essayer ça pour les prochains morceaux !

    Et encore merci pour les infos du site ! Je viens de le découvrir et je dévore encore les tutoriels et les conseils précédents !

  2. Salut Tanguy,

    L’ingé son qui t’a dit un jour "jamais d’égalisation sur les instruments de l’orchestre symphonique" me semble avoir raison globalement car en théorie l’égalisation… se fait à l’orchestration, qui est tout autant un choix des timbres, des instruments, etc… qu’un choix spectral (éviter les trous). La forte dynamique de l’orchestre améliore qui plus est la marge de manoeuvre (ce qui n’est pas le cas en rock)

    En revanche, pour avoir du mixer les deux, je pense qu’il faut distinguer entre l’orchestre virtuel et l’orchestre acoustique.

    L’orchestre virtuel est déjà égalisé: c’est le principal intérêt des banques. Si c’est bien "ordistré", il n’y a absolument aucune raison d’égaliser. Si on ressent le besoin de le faire, c’est qu’il y a à mon sens un problème d’écriture à la base.

    En revanche, l’orchestre acoustique peut nécessiter certains retouches, notamment pour éliminer l’inévitable "repisse" et faciliter le mix. Rien qu’avec un orchestre à cordes on se retrouve facilement avec 20 pistes. Recréer un espace sonore cohérent avec un decca tree, des out trigs, des surrounds et des prises de proximité représente un travail considérable (sans commune mesure avec les facilités qu’apportent les banques de son). Mais dans ce cas l’égalisation n’a pas le même objectif que celle qu’on utilise en pop-rock.

    Merci en tout cas pour le tableau. Il reste très utile! Dommage qu’il ne puisse pas être sauvegardé! Va falloir tout sauvegarder à la main!

  3. Je ne sais pas trop quoi en penser. c’est pas embêtant d’avoir une banque de sons avec une égalisation déjà appliquée ? L’égalisation n’est elle pas plutôt quelque chose de relatif, qui change en fonction du mixage ?
    Si je fais jouer un passage uniquement avec des violons, je peux leur laisser la totalité du spectre sonore. En revanche si je les mixe avec d’autres instruments, n’y a-t-il pas qq fréquences à diminuer, pour faire de la place pour tout le monde ?

  4. A mon sens justement, c’est à l’orchestration que ça se pense. En tout cas c’est comme ça que je vois les choses. Mais je peux faire erreur…

  5. Salut !
    Je suis du même avis que Damien 😉
    C’est à la composition que je règle ça 🙂
    Et il faut savoir que les collection comme east west, Vsl, et autres grosses collections sont déjà corrigées par des ingénieurs du son ! Je me suis formé comme ingé son à la SAE et on ne s’improvise pas ingé même avec un tableau ! (ca reste mon avis 🙂
    De plus si on parle de mix on doit parler d’écoutes ! Mixer sur 2 paires d’écoutes minimum 😉 De mon côté, je vais même écouter ca dans sur mon home ciné et dans ma voiture afin de trouver le réglage le plus neutre possible… Qu’il passe partout !

  6. J’aurai plutôt tendance à être de l’avis de Tanguy. Le mixage varie selon le morceau.

    L’orchestration "virtuelle" (banques de sons) est quand même assez différente de l’orchestration réelle (orchestre). Ceci change la façon de composer et de mixer.

    Avec des banques de sons, chaque sample est un enregistrement/une piste à part entière (présence, timbre, réverbération). Utilisez les instruments de l’orchestre, c’est comme superposer pleins de fois une réverbération, des fréquences inutiles liées à l’enregistrement, des parasites…

    Après, c’est clair que le mixage à partir des banques de sons est plus light : retouches minimes en égalisation, légère compression…

  7. Je "plussois" 😉 Damien et Romaric sur l’orchestration et l’arrangement. Et c’est vrai qu’il faut être prudent lorsqu’on a pas l’oreille "éduquée" car les résultats peuvent être catastrophiques. D’où plusieurs écoutes sur différentes systèmes.

    Ne pas oublier aussi le panning. Si on respecte la disposition dans l’espace d’un orchestre on est déjà sur la bonne voie. C’est pour ça au départ que certaines sections de l’orchestre sont placées plus prés ou plus loin de l’auditoire.

    Après il y aussi l’égalisation créative. La question c’est de savoir si on souhaite conférer à la compo le plus grand réalisme possible ou pas ce qui peut aussi avoir son intérêt. ( cf BO d’Alien IV par exemple )

    Et par contre au Mastering là c’est une autre histoire…

  8. Je suis, moi-aussi, de l’avis de Damien D.
    S’il y a des surcharges, ou des trous, dans certaines zones de fréquences à l’orchestre classique c’est d’abord une affaire d’orchestration.
    Je suis compositeur et ingénieur du son et j’ai longtemps travaillé dans le domaine de la musique classique, notamment à l’Opéra de Paris comme régisseur son.
    On utilise à la base 2 couples (en stereo): un plan rapproché et un plan éloigné.
    Ensuite, chaque pupitre est repris par un micro ou un couple en plan rapproché pour donner de la précision et/ou corriger la balance. Ce plan rapproché est toujours mixé beaucoup plus bas, voire absent, que les deux autres plans. Le plan moyen est celui qui prédomine.
    Les corrections en fréquence comme les traitements dynamiques(compression, limiteur, maximizer…) sont appliqués avec parcimonie et sur le mixage stereo final au mastering, de préférence.
    Les orchestres classiques sont enregistrés comme-ça depuis des décennies, avec des variantes (méthode Decca etc…) et même si la technologie a beaucoup progressé, les enregistrements faits dans les années 50-60 tiennent toujours la route.
    D’ailleurs la banque de sons EWQLSO est enregistrée de la sorte et on mixe chaque plan ds son séquenceur(gourmand en mémoire et CPU).

    Bien sur, il est bon de faire preuve de créativité et d’essayer des choses qui ne se font pas. C’est même recommandé. Mais si on veut sonner vraiment symphonique classique c’est comme ça qu’il faut faire: pas de correction de fréquence sur chaque pupitre séparément.

    Et bravo Tanguy pour ce blog vraiment intéressant.

  9. Bonjour,

    Je voulais rajouter un petit commentaire sur l’égalisation, Mieux vaut retirer des fréquences que d’en ajouter.
    Je m’explique, on a souvent tendance à faire des pics de fréquences avec les fondamentales, Freq Sensible et harmonique, le problème c’est que dans un mix cela a tendance à augmenter le niveau sonore. Et comme c’est toujours mieux de retirer que de rajouter, je vous conseilles plutôt de laisser les fréquences utiles à 0 db, mais de diminuer les fréquences inutiles entre ses fréquences, votre son restera plus claire et vous aurez de la marge (en volume) pour mixer par la suite.

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