Aujourd’hui, je laisse la parole à mon collègue Dominique Lucas
Tanguy
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Introduction Notion3 :
Vous qui êtes amoureux de musique symphonique, de MAO…
Vous qui avez des envies de composition, de faire jouer à votre ordi le plus belles envolées lyriques, mais qui ne maitrisez pas forcément le cœur du protocole MIDI…
Vous qui souhaitez faire rapidement une maquette avec des moyens pas trop couteux…
Notion3 est fait pour vous.
Il s’agit d’un logiciel hybride entre l’éditeur de partition, le séquenceur et le mixeur, qui peut tourner sur une plateforme Mac, PC ou iPad.
Notion3 vous permet de définir un ensemble d’instruments (a priori d’orchestre classique, mais pas que) qui composeront votre orchestre. Chaque instrument aura sa propre portée, pourra avoir sa propre clé, sa transposition (pour les instruments transpositeurs).
Dans chaque portée, vous pouvez entrer vos notes, comme dans un éditeur de partition tel que Finale, c’est-à-dire, avec les informations de changement de tempo, les articulations, les cresc. Et dim., des « hairpins », des notations (pour de paroles ou pour indiquer ce que vous voulez).
La plupart des indications ne sont pas que figuratives. En effet, Notion3 va ensuite pouvoir « jouer » votre partition en tenant compte des notes entrées et de toutes les indications que vous avez apportées.
Voici un exemple de ce que l’on peut faire, rien qu’en installant le logiciel, et en entrant la partition. Cet exemple est fait sans toucher à aucun paramètre, c’est du brut de fonderie :
Pas égalisé, une réverbération et une panoramique par défaut, et c’est déjà une maquette !
NB : svp, ne critiquez pas ce bout de truc, ce n’est qu’un exemple, pas une œuvre.
Mais Notion3 va beaucoup plus loin. Le logiciel donne une fonction de mixer, certes simplifiée, qui suffit largement à manipuler les paramètres basiques comme le volume de chaque instrument, la panoramique. De plus, le mixer permet de gérer 4 groupes et l’insertion de 4 effets (VST) par piste/groupe ou master:
Notion3 peut aussi piloter votre séquenceur favori via « rewire », et donc devenir le maitre-tempo de votre installation MAO.
Des sonorités de rêve ?
Notion3 est vendu avec une bibliothèque d’échantillons suffisante pour démarrer. Ce sont des sons captés depuis l’orchestre symphonique de Londres. La société Notion vend des compléments pour des articulations et des couleurs sonores complémentaires (par défaut, pas d’ensemble de cors, mais un unique soliste). Les sons d’origines sont bien équilibrés (cf. l’exemple cité plus haut) et permettent réellement de pratiquement tout faire.
La banque de son par défaut, bien que conséquente, n’est pas en soi suffisante : il manque des instruments (percussions manquantes, sections des vents manquantes, articulations de pizz pas complètes…) aussi, l’utilisateur s’orientera rapidement vers l’achat des compléments.
Cette bibliothèque est propriétaire à Notion3, et ne peut pas être utilisée sans Notion3 (pas de possibilité de la mettre en œuvre via un lecteur d’échantillons externe tel Kontakt ou autre Play).
Un monde ouvert ?
Pour ceux qui auraient déjà investi dans des banques de sons de-la-mort-qui-tue, Notion propose plusieurs ouverture afin de les utiliser, au travers de VSTi et de l’utilisation de MIDI.
Au niveau des VSTi, Notion reconnait tout seul ceux que vous avez déjà installés sur votre système. Vous avez la possibilité de définir les sonorités joués lorsque telle ou telle articulation est écrite dans la partition au travers d’un fichier de règles au format XML. Comme Notion connait bien les banques de son les plus répandues, il nous fournit les règles pour les VSTi suivant :
- EWSO platinum et gold version Play
- VSL
- Garritan Personal Orchestra
- IK multimedia Miroslav Philharmonik
Les fichiers de règles font que vous pourrez utiliser les instruments de ces banques de la même manière que ceux interne à Notion (sélection de l’instrument VSL, par exemple, et juste saisie des informations de notes et articulations dans la portée)
Si votre VSTi n’est pas dans la liste ci-dessus, pas de problème, mais il vous en coutera l’écriture des règles associées. J’ai personnellement essayé d’adapter les règles pour Miroslav Philharmonique (ajout de glissés pour les cordes) et c’est franchement beaucoup trop de temps passé à ne pas faire de musique à mon goût.
Si votre banque de sons n’est pas un VSTi, pas de problème. Notion peut associer une portée à un port MIDI de votre choix (physique ou logique). Je n’ai pas testé cette partie, aussi je ne peux me prononcer sur la facilité de son emploi.
Le conseil du jour : J’ai personnellement opté pour l’ajout et l’utilisation de la bibliothèque IK Miroslav philharmonik. Non pas qu’elle soit « de-la-mort-qui-tue », elle est ancienne et est enregistrée avec une réverbération impossible à retirer. Seulement après écoute, j’ai trouvé que les sons de bois sont plus convainquant que ceux de Notion. Non, pas convainquant. Complémentaire. La flûte de Notion est belle, pure, sans vibrato. Celle de IK est chaude et avec un vib qui fait tirer des larmes, même seule.
Le bon compromis est le mélange entre les sons LSO de Notion et une autre couleur, un ajout. J’aime avoir deux portées pour les alti, car les deux sons se mélangent, peuvent se séparer, il est plus simple de faire un divisi qui « parle » vraiment…
Et le côté « humain » de l’exécution ?
Au-delà de la manipulation possible note par note, Notion propose plusieurs outils pour aider à humaniser votre œuvre, le « tempo staff » avec enregistrement de « performance », le « velocity overdub » et les fonctions d’aléa.
Tempo staff et enregistrement de performance :
Vous devenez le chef d’orchestre !
Très souvent, lors de l’écoute d’une œuvre, l’on se laisse entrainer (ou bercer, selon la rapidité du tempo) par la cadence, on tape du pied, de la tête, on entre en osmose avec les battements. Notion permet de faire l’inverse.
Par défaut, Notion applique un tempo (90 à la noire) que l’on peut paramétrer, et garde ce tempo jusqu’à ce qu’une autre marque de tempo apparaisse – oui, oui, on peut aussi faire des retenues, des points d’orgue…
Si vous voulez maitriser le tempo, ses changements graduels (ou brutaux), vous pouvez le faire en définissant un « tempo staff »
Vous pouvez décider de la valeur des battements :
Dans cet exemple, la première mesure aura 4 battements, correspondant à la signature rythmique, la seconde se verra associé à un battement moins conventionnel (2-1-1-2), puis encore plus étrange (3-1/2-1)… En général, pour battre la mesure, on se contentera de la signature.
Vous pouvez définir les valeurs de notes de chaque mesure à votre convenance, et en mode « performance », vous pourrez battre la mesure sur le clavier de votre ordi (ou votre clavier midi).
Cette performance est enregistrée, et peut être restituée à l’écoute, en export wave ou midi…
Le « velocity overdub »
Vous devenez instrumentiste !
Exactement de la même manière que pour « piloter » le tempo, vous pouvez demander à Notion de réenregistrer la vélocité d’une des portées. Attentions, toutefois, ce mode peut rendre la partition incohérente avec le rendu (marqué fortissimo, et joué pianissimo…)
Vous devrez utiliser un clavier midi, sensible à la vélocité, pour réaliser cet overdub.
Les fonctions d’aléa
Bien, Notion permet de faire varier le tempo, accélérer ou ralentir, jouer plus ou moins fort… Mais pour autant, tel que vous avez pu l’entendre dans l’exemple plus haut, le rendu reste froid, trop mécanique.
Notion nous propose deux axes d’humanisation aléatoires.
Le premier permet de modifier aléatoirement la vélocité d’un ensemble de notes (une ou plusieurs portées) dans la limite d’une fourchette. Ceci est très pratique pour amoindrir l’effet mitraillette sur des séries de staccatos.
Le second permet de modifier légèrement le moment ou une note est jouée, ce qui rend un effet particulièrement bluffant lors d’un tutti et peut aussi amoindrir l’arme de guerre mitraillette.
Conclusion : Alors, c’est l’outil parfait ?
Loin s’en faut. Notion est un des maillons de ma chaine MAO, mais pas le seul. En introduction, je disais qu’il s’adresse à ceux qui ne bidouillent pas le MIDI, et pour cause. Notion ne donne pas d’interface à l’utilisateur pour bidouiller facilement. Impossible de dessiner la courbe d’un CC quelconque. Pas de « piano-roll » pour les adeptes du style. Pas d’édition des événements midi simple.
De la même manière, Notion n’est pas pour entrer une partition en enregistrement « live », même si une fonction enregistrement existe.
Ce qui est effectivement enregistré, ce sont les notes, et pas les contrôles midi. Adieu la pédale du pianiste qui pourtant fait partie intégrante de l’exécution d’un morceau. Il faudra la rajouter ensuite à la main dans la partition.
Voici le lien vers le distributeur : Notion Music
Dominique
P.S. Je ne suis pas rémunéré par Notion, mon enthousiasme est celui d’un utilisateur lambda 🙂
Super article tres bien expliqué, je decouvre et j’apprend beaucoup. Encore merci Tanguy pour ton blog tres enrichissant. Merci a toi Dominique de nous consacrer de temps a nous aider. Tres bon article qui en aidera plus d’un, moi le premier !!!!!!!!! 😉
Bravo, belle présentation du logiciel. Je possède également Notion. Il a des défauts mais beaucoup de qualité. Je regrette que le produit n’ait pas évolué depuis un petit moment car il a vraiment un potentiel incroyable.
Bonjour,
Ca fait un moment que je voulais poster un commentaire sur votre blog sur lequel il m’arrive de croiser lors de recherches sur Internet. Il est très bien fait et utile avec ses nombreux conseils. Concernant Notion 3, je partage totalement ce qui a été écrit par Dominique Lucas. Travaillant plutôt dans un cadre expérimental avec des synthés virtuels et hardware, je recherchais depuis longtemps un éditeur de partitions me permettant de mélanger les timbres de la banque Ircam Solo Instruments avec des synthés virtuels et hardware. J’avais commencé à avoir une bonne solution avec une NoteAbility Pro (très spécialisé musique contemporaine avec contrôle avec possible avec Max MSP) mais c’est surtout Notion 3 qui me permet de travailler avec ces trois types d’instruments dans la même partition. D’autre part, je note que l’ergonomie de saisie des notes, des accords, des articulations, des indications de jeu, est aisée car regroupée dans une palette de menus très bien faite. Et si Notion 3 est majoritairement utilisé en tant qu’éditeur de partitions dans un cadre classique, il se prête bien à une écriture rock et jazz mais aussi, et c’est fondamental pour moi, à une écriture contemporaine (j’ai vérifié avec des extraits de partitions de Pierre Boulez : Marteau sans Maitre et Anthème 2). Entre les changements de tempo, de métriques, la facilité de placer des tuplets complexes, de dynamique, on dispose avec Notion 3 d’un outil qui donne avant tout envie d’écrire de la musique. Mais aussi d’explorer des axes de recherche. Autant écrire une partie avec Finale était, pour ma part, une corvée certaine, autant avec Notion 3, j’ai envie de me confronter avec les différents timbres. Plutôt habitué à travailler les timbres électronques, Notion 3 m’a donné envie de travailler les timbres d’orchestre avec notamment ma banque Ircam Solo Instruments. Bref, avec éditeur de partitions m’a fait progresser musicalement. A noter aussi, une version pour l’Ipad qui est très bien faite avec un va-et-vient possible entre les fichiers Notion 3 écrits sur l’ordinateur et Notion sur l’Ipad et vice versa. Pour travailler une partition, tester une idée, la version Ipad se révèle d’une redoutable efficacité. Je m’en sers aussi souvent pour tester des exemples d’extraits de partitions lors de lectures d’ouvrages.
Merci pour toutes ces infos 🙂