Les délais pour la composition sont souvent (toujours ?) trop courts, et il arrive que le compositeur principal demande à un autre compositeur de lui donner un petit coup de pouce.
Ce dernier a un rôle de création artistique puisqu’il compose, mais son champ de liberté reste très mince comme il suit les indications données par le compositeur principal. Les initiatives personnelles sont peut-être possibles, cela doit dépendre de la confiance qui règne entre les 2 artistes.
Alors, que fait un compositeur additionnel ?
Comme pour l’orchestrateur, ça doit dépendre des situations.
Déjà, je ne m’attarde pas sur le travail de nègre. C’est bien de signaler que ça existe dans la musique de film. Cette pratique me gêne un peu, mais après tout, si ça permet de lancer la carrière d’un jeune compositeur, pourquoi pas.
Mais surtout, on peut lui demander de développer des thèmes, ou bien d’écrire un thème à partir d’une base musicale, ou encore d’achever la fin (ou l’intro) d’une musique tandis que le compositeur principal attaque un nouveau morceau.
Je viens de découvrir que dans les séries TV, il était fréquent de réutiliser les musiques des épisodes antérieurs, par gain de temps et d’argent (et parce que de toute manière, c’est aussi efficace que de composer une nouvelle BO à chaque fois). Mais pour que ça colle aux nouvelles images, il faut découper la musique et recoller tel bout sur tel morceau etc… Pour limiter les effets de contrastes, il est souvent nécessaire de ré-écrire des intros, des transitions et des fins : c’est une des missions du compositeur additionnel.
Enfin voilà, lorsqu’on regarde un film, on a tendance à imaginer le compositeur, seul, travaillant nuits et jours pour créer une superbe bande originale. J’écris ce petit billet pour ne pas oublier qu’il existe un tas de personnes talentueuses qui travaillent dans l’ombre des compositeurs vedettes et qui gagnent souvent à être connues.
Quant à Leur rémunération et leurs noms crédités au générique, c’est une affaire de négociation. De mémoire, je ne me souviens pas avoir vu de compositeurs additionnels mentionnés dans un générique d’entrée. On les retrouve parfois crédités dans les CD lorsque les bandes originales sont commercialisées (au grand bonheur des béophiles).
Oui ils sont crédités au générique de fin au même titre que les orchestrateurs, ingés son…etc.
Merci d’avoir fait figurer dans ce blog la chose suivante:
"Déjà, je ne m’attarde pas sur le travail de nègre. C’est bien de signaler que ça existe dans la musique de film. Cette pratique me gêne un peu, mais après tout, si ça permet de lancer la carrière d’un jeune compositeur, pourquoi pas."
Car malheureusement les compositeurs "vedettes" et très riches, se gardent bien de lancer la carrière de leurs nègres ou de qui que ce soit les sortant au pied levé de l’impasse dans laquelle ils se trouvent à chaque fois qu’on leur demande d’exprimer un talent ou une savoir-faire qu’ils n’ont pas.Surtout lorsqu’ils s’agit du Symphonique.
En effet, ces vedettes ont souvent très peur qu’on reconnaîsse ensuite dans un autre film la "patte" du nègre, donc finalement la "couleur" sensée être celle du compositeur-vedette, ce qui entrainerait bien sûr quelques polémiques, voire un discrédit conséquent.
C’est certes une pratique à la limite de la légalité, mais c’est pourtant ce qui se passe très souvent, même si cela peut paraître à juste titre pour le moins anti-artistique et on ne peut plus ingrat.
Sans doute tout cela arrive t’il parce que ces "grands génies vedettes qui se renouvellent si souvent", font en général appel à de vieux copains pour les "sortir de la m….", copains auxquels ils ne donnent plus de nouvelles une fois la gloire et les millions d’euros empochés.
Bien sûr la contre-partie de cette malhonnêteté, est aussi vieille que tous les plus grands sujets dramatiques d’Opéra: tromperie, compromission, et au bout du compte…l’absence totale d’inspiration en même temps je suppose, qu’un très grand malaise intérieur et une certaine difficulté à fréquenter les institutions où siègent les mémoires des Maîtres eux-mêmes souvent abusés… d’où la vie secrète de certaines vedettes, cachées derrière leur masque au sourire systématique, faussaires à l’abord si sympathique, règnant dans l’antre de leur citadelle, entourés de leurs laquais et autres vassaux…
Il n’empèche cependant que celui qui même après avoir été trompé, sait retrouver confiance et entendre venir l’inspiration, celle qui est liée à l’idée "d’amour de la musique", celle qui prend tout le corpps, tout le coeur et tout l’esprit, celui-là peut non seulement marcher la tête haute, mais aussi croire et espérer que les Anges et les Muses renverseront la vapeur en sa faveur, tout comme les malhonnêtes et autres faussaires verront un jour leur masque tomber…
"La nature a horreur du vide"
Bon courage à tous, et……vigilance!
Marc Dall’Anese
Je voudrais juste réagir un peu.
Je suis moi-même "nègre" pour des séries TV.
Auparavant, je travaillait dans un bureau et je m’emmerdais. Aujourd’hui, je suis payé, mieux qu’avant, pour faire de la musique dans mon home studio. C’est peut-être une vision à court terme, mais franchement je trouve ma vie plus sympa qu’avant.
Alors bien sur, tout ce que je fais, je ne peux pas communiquer dessus, je ne peux pas le mettre sur mon "cv", etc. en gros, ça ne me fait pas avancer dans le métier, dans le milieu je veux dire. Mais ça me donne une expérience technique, et la différence par rapport à avant, c’est qu’on ma paye pour cela.
Par ailleurs, je te confirme que bien souvent, il s’agi de réarranger des musiques d’anciens épisodes, voir carrément des temp-track tirés d’autres films, etc. Cela dit, cette méthode, si elle est anti-créative au possible, présente pour l’arrangeur un avantage : aucun syndrôme de page blanche, tu sais tout de suite ce qu’il faut faire.
Voilà, bien sur j’espère un jour travailler pour mon propre compte, mais en attendant, je fais de la musique au lieu de l’assurance !!!